Ce dont ils sont capables

Marie Bochet vient de remporter sa seconde médaille d'or en deux courses. On va commencer à en parler de ces Jeux Paralympiques, d'autant que France 4 couvre l'intégralité des épreuves en direct. Et puis, on va commencer à voir ce dont les personnes handicapées sont capables...

Le terme de handicap renvoie en effet spontanément à une incapacité, un manque, un écart à la norme. Un handicapé est un individu hors-normes situé du côté du négatif, un hors-normes stigmatisé par sa différence, un être invalide.

Or, que voit-on quand on regarde les Jeux Paralympiques ? On voit des sportives et des sportifs d’élite, c’est-à-dire des individus hors-normes également, mais situés cette fois-ci du côté de l’excellence corporelle, des personnes qui sont capables de faire des choses que les valides n’imaginent pas et que bien peu d’entre eux pourraient réaliser…

Des corps performants

En regardant les épreuves, le handicap disparaît pour laisser la place à la virtuosité de ces corps différents. A Sotchi, nous voyons ce qu’est l’autonomie, ce que peut accomplir le désir. Les corps exposés ne sont pas montrés comme des corps à l’intégrité altérée, mais comme des corps performants, des corps qui attestent du pouvoir du handicap et des capacités à faire autre chose (skier sans y voir), à le faire autrement (skier assis) et non seulement à le faire malgré une atteinte corporelle.

En montrant ce dont les handicapés sont capables, les Jeux Paralympiques contribuent à diffuser une nouvelle perception du handicap qui ne se construit plus, par défaut, en comparaison aux valides, mais sur ce que des personnes différentes peuvent réaliser. Les regards des valides ne glissent plus sur ces corps qui les gênent dans la vie ordinaire, ils ne les évitent plus. Ils s’y attachent parce qu’ils y voient du plaisir, des sourires et des larmes, des femmes et des hommes.

Philippe LIOTARD - L'équipe - 10 mars 2014